Introduction
(Par Claude Sicard)

« Douceur d'une inquiète fraternité reconnue avec cet effluve de beauté André Gide. J'ai lu son livre Les Nourritures terrestres. Je voudrais être son ami parce que ce serait n'être l'ami de personne et, pourtant, multiplier son cœur « Angoisse de ce que je cherche, ces pages y ajoutent leur angoisse. Toutes mes soifs crues endormies réveillées [...].
Je voudrais avoir écrit ce livre. »

Nous sommes le 22 novembre 1901. Jacques Copeau, qui a vingt-deux ans depuis le 4 février, confie ainsi à son Journal ce qui constitue pour sa vie intérieure l'événement majeur de l'automne sa rencontre spirituelle avec André Gide une de ces rencontres qui ont toute chance de labourer en profondeur, parce qu'à l'éblouissement miraculeux des découvertes offertes elles ajoutent le plaisir sans limites de se reconnaître dans le miroir tendu pour cet être rompu depuis l'adolescence à l'analyse solitaire et passionnée de soi-même, la conquête de l'identité passe par la révélation de l'identique. [...]